Abonne-toi gratuitement ou soutiens mon travail pour 7$/mois + reçois en échange des poèmes audio, des extraits exclusifs de mon art et l’invitation à des Q&A Live. Si l'argent est la seule raison pour laquelle tu n’es pas abonné·e, tu peux m’écrire ici.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été «la bonne élève». J’étais assidue, concentrée, curieuse, intéressée en classe. J’ai eu le privilège de ne pas avoir de difficultés scolaires, tout était très fluide (sauf la partie sur le jeu d’échec 😅), je réussissais très bien et je me définissais, par défaut, à travers cette réussite.
À l’adolescence, j’ai été choisie comme «élève de mon niveau» à ma première année du secondaire. J’étais célébrée par mes professeur·es, mon égo était comblé.
Mes parents me répétaient sans cesse depuis mon enfance que «j’étais bonne à l’école, mais pas dans les arts» (lire ici les arts plastiques).
Comme si c’était mutuellement exclusif…
J’ai revêtu cette identité d’élève modèle tellement longtemps durant mon parcours scolaire (qui aura duré plus de 20 ans en comptant mes années universitaires) que j’ai oublié qui j’étais profondément.
Oui, j’avais de bonnes notes et une facilité d’apprentissage dans un contexte scolaire, mais je n’étais pas que ça, non?
Le problème avec le syndrome de la bonne élève, c’est que ça te tétanise lorsque tu dois essayer une nouvelle chose dans laquelle tu n’es pas certain·e d’exceller.
Je me sens toujours intimidée par les personnes qui ont des savoirs «pratiques», j’ai cette crainte viscérale de me tromper, de ne pas réussir du premier coup, d’avoir l’air niaiseuse et inutile.
Et je crois que c’est cette crainte mêlée à une quête de la perfection qui m’a éloignée de mon identité d’artiste pendant tellement longtemps.
J’y ai cru à cette idée «que je n’étais pas douée pour les arts».
Je n’avais aucun talent pour dessiner un paysage, je ne pouvais pas être une artiste. C’était aussi simple que ça.
Et j’ai vécu les 30 premières années de mon existence avec cette certitude. Je n’étais pas une artiste.
Fast forward jusqu’à l’hiver 2022, au coeur de la dépression. Je cherchais désespérément à connecter avec une identité que je savais être la mienne, mais que je ne connaissais pas du tout.
Je devais apprivoiser le petit animal en soif de créativité qui vivait en dedans de moi.
Et j’ai senti cet appel de rejoindre la première cohorte du programme Éclore, facilité par Marie-Ève, une art-thérapeute chevronnée.
Elle m’a eue à «aucun talent artistique nécessaire».
Affirmer que cette expérience a été révélatrice serait un euphémisme.
Ça plutôt été une naissance, une reprise de mon pouvoir et un accueil de ma propre imperfection.
Premier exercice d’art-thérapie : je suis devant ma feuille blanche (ou plutôt noire dans ce cas-ci), autant apeurée qu’excitée par les possibilités qui s’offrent à moi. Et Marie-Eve prononce les mots magiques : «votre oeuvre n’a pas besoin d’être belle. C’est le processus qui compte, pas le résultat».
La lumière s’est allumée dans mon esprit, j’ai compris à cet instant même que j’avais le droit de faire de l’art laid, non-conforme avec l’idée d’une «belle oeuvre». Ce n’était pas ça l’important, c’était de suivre mon intuition. Et ça, je savais le faire.
Je pouvais retirer toute la pression de sur mes épaules et reprendre ce droit d’être une artiste qu’on m’avait si insidieusement volé.
À travers son accueil bienveillant, Marie-Eve m’invitait vers la liberté, vers une confiance envers mon intuition. Parce qu’au fond, ce n’est que ça l’art : écouter notre intuition.
Avec le programme Éclore, j’ai appris plusieurs grandes leçons :
- Tout d’abord, je suis une artiste avant tout, malgré ce que les autres peuvent en penser
- J’ai le droit de faire de l’art qui ne répond pas aux attentes de beauté, juste pour le plaisir
- Je suis la seule personne qui a le droit de juger de mon art
- Et cette identité d’artiste est la mienne, je la réclame avec fierté
Je n’aurais jamais cru qu’un programme d’art-thérapie serait aussi puissant. Ce cheminement a changé mes perspectives, m’a réconciliée avec celle que j’étais depuis toujours.
Et maintenant, j’ai le courage d’affirmer que je suis une artiste. Je n’ai toujours pas de talent pour les arts plastiques, mais j’ai la curiosité d’explorer, de sortir de ma zone de confort, de me mettre en danger, de dire «c’est ma première fois, soyez patient·es, je suis en apprentissage».
Oui, c’est ça. Je suis une artiste en apprentissage.
J’accueille l’imperfection et fais la paix avec la bonne élève qui vit aussi en moi.
Toutes mes identités sont valides. Je suis multiple et c’est ce qui crée ma beauté.
💭✒️ Et toi, quelle identité as-tu accueillie récemment? Comment l’incarnes-tu? Partage-nous tes réflexions dans les commentaires.
Marie-Pier xx